1. |
Nuit américaine
04:31
|
|||
Nuit américaine
C1:
Un nuage de fumée pour cacher la muraille
Ne rien laisser paraître, toujours rester le maître
Faire croire, feinter, duper, être né pour gagner
Se persuader encore, se laisser admirer
R:
Je tourne en plein jour ma nuit américaine
Mon procédé factice ne trompe que les fous
Jamais d’embouteillage, j’avance sans soucis
Une vie sans temps mort, comme un train dans la nuit
C2:
Le sourire s’est figé, abris des faux semblants
Une pirouette, une esquive, ne rien laisser paraître
Garder ses émotions, toujours rester de marbre
Appuyer sur ton cou, peser sur ta conscience
|
||||
2. |
Le Singe Dort
06:13
|
|||
Le Singe Dort
C1:
Questions curieuses, processus du rêve
Entourant la voûte de tes pensées sombres
Lever les doutes, chercher le singe
Celui qui dort en toi et celui que tu vis
Mécanique du repos, logique du semblable
Développer le silence pour parfaire le bruit
Primates endormis, singes en devenir
L’Homme qui s’assoupit se réveillera transi
R:
Passer des heures à dormir, à rêver
Blottis sur le sol, affalés sur l’asphalte
Tu évolues sans bruit, sans hâte et sans vacarme
Profites du repos pour fourbir tes armes
C2:
Questions curieuses, processus du rêve
Entourant la voûte de tes pensées sombres
Lever les doutes, chercher le singe
Celui qui dort en toi et celui que tu vis
Le babouin dort assis, constamment éveillé
Ignore la chaleur bienveillante du lit
Il balance son corps pour bercer sa torpeur
Mais n’accède jamais à la pensée profonde
C3:
Questions curieuses, processus du rêve
Entourant la voûte de tes pensées sombres
Lever les doutes, chercher le singe
Celui qui dort en toi et celui que tu vis
Dors grand primate, régulier et fécond
L’esprit franchit la porte bascule dans le vide
Puis flotte vers la surface nageant dans le courant
Pour aborder doucement des rivages plus paisibles
|
||||
3. |
Castor
03:53
|
|||
Castor
C1:
Je ronge mon saule
En attendant le jour
Brisant l’écorce fine
Façonnant le copeau
Je contemple ce lac
Barrage entrelacé
J’hume l’odeur de l’ail
La senteur des frênes
R:
Ce territoire humide
Cette eau de retenue
Se courbent sous mon règne
Se soumettent à ma caste
Pont1:
Dans ce paradis vert
L’oiselet n’est qu’un pion
Le faucon et la buse
Jamais ne s’aventurent
C2:
Mon royaume est fragile
La digue est mon salut
Mais cette frêle porte
Est prête à basculer
Quand la crue s’étendra
Quand les eaux deviendront
Des ennemies profondes
Je me ferai castor
Pont2:
Je suis le roi des mousses
Des plages et des galets
Mon repos n’a de cesse
Que d’abattre les arbres
|
||||
4. |
||||
Extralucide à grand bouche
C1:
Défaire les rouages du karma
Rétablir L’Unité des Visages de Dieu
Former une élite spirituelle
Capable de planétariser l’Âge d’Or
Réunir en une seule Lumière
Par l’OM toutes les Religions
Stimuler toutes les âmes au combat intérieur
Aider toutes les âmes, à la mort du corps
Se former à l’Âge Nouveau
Dans la Colonne de Lumière à six branches
Cristallisée en astral autour de la Terre
Faire la révolution des consciences planétaires
Unifier les visages de Dieu
Rénover sa pensée, pour qu’arrive
Après les douleurs de l’enfantement
Un ciel neuf et sans souillure.
R:
Extralucide à grande bouche
Omniscient de pacotille
Je t’offre cette bague de méditation
Tu m’aliènes ton fric et ton corps
C2:
J’apparais à la fin de la nuit
Pour restaurer l’Âge d’Or
Incarnation totale de Dieu
Dans un corps de chair
Je suis le Verbe de la sélection des âmes.
Le messie attendu - L'avatar de synthèse
Batailles terrestres et comiques
Je mets fin au règne du mal cosmique
Couronné de la Tiare du Grand Pontife de l'Ordre
Je combats les Lémuriens de Pluton
Je renvoie les Atlantes d’où il viennent
Et Metatron, le démon, au Groenland
Je ne suis pas Pikachu, je suis ton guide
Messie cosmo-planétaire, absolu divin
Arc-en-ciel du cœur, ciment des traditions
Esotériques
Exotériques
Alors entre dans mon hexamide
|
||||
5. |
L'instant
06:23
|
|||
L’instant
d’après « Saisir l’instant » d’Esther Granek (1981)
Saisir l’instant tel une fleur
Qu’on insère entre deux feuillets
Et rien n’existe avant après
Dans la suite infinie des heures.
Saisir l’instant.
Saisir l’instant. S’y réfugier.
Et s’en repaître. En rêver.
À cette épave s’accrocher.
Le mettre à l’éternel présent.
Saisir l’instant.
Saisir l’instant. Construire un monde.
Se répéter que lui seul compte
Et que le reste est complément.
S’en nourrir inlassablement.
Saisir l’instant.
Saisir l’instant tel un bouquet
Et de sa fraîcheur s’imprégner.
Et de ses couleurs se gaver.
Ah ! combien riche alors j’étais !
Saisir l’instant.
Saisir l’instant à peine né
Et le bercer comme un enfant.
A quel moment ai-je cessé ?
Pourquoi ne puis-je… ?
|
||||
6. |
Jamais plus
10:00
|
|||
Jamais plus
(d’après « Le Corbeau », Edgar Allan Poe, 1856)
1
Une fois, sur le minuit lugubre,
pendant que je méditais, faible et fatigué,
sur maints curieux volumes d'une doctrine oubliée,
pendant que je donnais de la tête, presque assoupi,
soudain se fit un tapotement, une rumeur sourde
"C'est quelque visiteur, rien de plus."
2
Poussant le volet dans un tumultueux battement,
entra un majestueux corbeau surgis du passé.
Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas,
il n'hésita pas une minute;
mais, avec la mine d'un lord ou d'une lady,
il se percha au-dessus de la porte
il se percha sur un buste de Pallas
il se percha, s'installa, rien de plus.
3
Puis l’oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien
et la sévérité de sa physionomie,
induisant ma triste imagination à sourire:
Lugubre et ancien corbeau,
voyageur parti des rivages de la nuit.
Dis-moi quel est ton nom seigneurial
O rivages plutoniens de la nuit
Le corbeau dit: « Jamais plus! »
4
Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile
entendît si facilement la parole,
bien que sa réponse n'eût pas un bien grand sens
et ne me fut pas d'un grand secours;
car nous devons convenir que jamais ne fut donné
à un homme vivant d’entendre un oiseau
se nommant d'un nom tel que - « Jamais plus! »
5
Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide,
ne proféra que ce mot unique,
comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme.
Il ne prononça rien de plus; il ne remua pas une plume,
jusqu'à ce que je me mette à murmurer faiblement:
"D'autres amis se sont déjà envolés loin de moi;
vers le matin, lui aussi, il me quittera comme les autres. »
L'oiseau dit alors: "Jamais plus!"
6
Et le corbeau, immuable, juché sur ce buste,
juste au-dessus de la porte de ma chambre;
ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon qui rêve;
et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui,
projette son ombre sur le plancher; et mon âme,
hors du cercle de cette ombre qui gît
flottant sur le plancher, ne pourra plus s'élever,
- jamais plus!
|
||||
7. |
Disparu
03:58
|
|||
Disparu
d’après « Sois soumis, mon chagrin »
de Georges Perec (1968)
C1:
Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd.
Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici :
Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs,
Ici portant la paix, là-bas donnant souci.
R:
Tandis qu'un vil magma d'humains, oh, trop banals,
Sous l'aiguillon Plaisir, guillotin sans amour,
Va puisant son poison aux puants carnavals,
Mon chagrin, saisis-moi la main; là, pour toujours
C2:
Loin d'ici. Vois s'offrir sur un balcon d'oubli,
Aux habits pourrissants, nos ans qui sont partis;
Surgir du fond marin un guignon souriant;
Apollon moribond s'assoupir sous un arc,
Pont;
Disparu,
Disparu;
six, moins un.
C3:
Puis ainsi qu'un drap noir traînant au clair ponant,
Ouïs, Amour, ouïs la Nuit qui sourd du parc.
Mon chagrin, saisis-moi la main; là, pour toujours
|
||||
8. |
Ma petite quarantaine
05:04
|
|||
Ma petite quarantaine
d’après « My funny Valentine », Richard Rodgers (1937)
C1:
Ma petite quarantaine
De jours à tes côtés
Comment survivre encore
Enfermé dans ce cube
Rampant dans la pénombre
Je m’effondre sans bruit
En corps détenu
Je me vide en rêvant
Je pratique l’apnée
En décomptant les heures
Je passe les minutes
Le temps s’enfuit pourtant
R:
Quand reviendra le jour
Les astres parleront
Quand reviendra l’amour
Les affres s’enfuiront
C2:
Cette petite quarantaine
A moitié dépassée
S’envole lentement
Doux miroir du passé
Me renvoie cette image
Jeunesse emprisonnée
Pourtant sous les décombres
Quand tu tournes les pierres
la blatte se rebelle
Les cancrelats s’échappent
Le cafard se libère
Et fait place à la nuit
|
||||
9. |
La quête du vide
03:34
|
|||
La quête du vide
D’après « Brise marine », Stéphane Mallarmé (1865)
C1:
La chair est triste, hélas
Et j’ai lu tous les livres
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens
Que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume
Inconnue et les cieux
S’enfuir des vieux jardins
Reflétés par tes yeux
R1:
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
R2:
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots
Quête du vide éternel où sombrent matelots
C2:
Que retiendra ce cœur
Qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté
Déserte de ma lampe
Sur le vide papier
Que la blancheur défend
Et ni la jeune femme
Allaitant son enfant
C3:
Je partirai ! Steamer
Balançant ta mâture
Lève l’ancre pour
Une exotique nature
Un Ennui, désolé
Par les cruels espoirs
Croit encore à l’adieu
Suprême des mouchoirs
|
||||
10. |
Immersion
05:25
|
|||
Immersion
C1:
Immergé dans l’écran comme un tombeau ouvert
J’entame la plongée dans ce profond abysse
Par sang froid je m’efface dans ces ombres propices
Aux élucubrations de mon âme aspirée
C2:
Au fond, comme un pendu flottant dans un bocal
Une autre mer s’ouvre, encore un autre écran
Opaque et scintillant, caressant le néant
Ma colonne frémit en retenant un râle
C3:
Soudain je sollicite une voile approchant
La délivrance est proche mon souffle s’accélère
Mes oreilles ne sont pas insensibles au chant
Pour mon plus grand malheur, celui d’une sirène
C4:
Je me laisse emporter par ce courant trop fort
Mon corps flotte ivre, ne montrant que son dos
Mais cette liberté se berce d’illusions
Dans cet écran marin, je coule comme une ancre.
|
||||
11. |
La soif
06:05
|
|||
La soif
d’après « Langueur » et« A Charles Baudelaire » de Paul Verlaine
C1:
Je suis l'Empire déchu
Fin de la décadence
Qui regarde passer
Les grands Barbares blancs
En composant des rimes
Acrostiches indolents
D'un style d'or ourlé
Langueur de la cadence
R1:
Tu tombas, tu prias
Comme moi, comme toutes
Les âmes craignent la faim
Et la soif sur les routes
C2:
L'âme seulette a mal
Au coeur d'un ennui dense
Là-bas on dit qu'il est
De longs combats sanglants
O n'y pouvoir, étant
Si faible aux voeux si lents
O n'y vouloir fleurir
Un peu cette existence
R2:
Seul, un esclave un peu
Coureur qui vous néglige
Seul, un ennui d'on ne
Sait quoi qui vous afflige
C3:
Je ne t’ai pas connu
Je ne t’ai pas aimé
Je ne te connais point
Et je t’aime encore moins
Je me chargerais mal
De ton nom diffamé
Et si j’ai quelque droit
D’être entre tes témoins
R1
C4:
C’est que, d’abord, et c’est
Qu’ailleurs, vers les Pieds joints
D’abord par les clous froids
Puis par l’élan pâmé
Des femmes de péché
Desquelles ô tant oints
Tant baisés, chrême fol
Et baiser affamé
R2
|
bunzap Lyon, France
bunzap est un projet solo de chansons darkwave électro jazz par Mathieu Aubineau.
Streaming and Download help
If you like bunzap, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp